« Rappelle-toi que le poivre à un joli aspect, mais un caractère difficile » (Proverbe africain)
De sa première mention dans le papyrus d’Ebers*, plus de 16 siècles avant J-C jusqu’à nos jours, le poivre a traversé les époques sans perdre de son aura ni de son piquant !
Chaude, subtile, épicée, fraîche, et pétillante, l’épice noire que l’on retrouve dans de nombreuses fragrances poivrées qu’elles soient masculines ou féminines, est un ingrédient star de la parfumerie.
Communément appelé « le roi des épices », ou « l’or noir », connu et commercialisé depuis des siècles, les récits décrivent le commerce de ce condiment durant l’empire romain, avec les transports d’épices venant de l’empire du milieu et de l’inde.
Le fameux condiment était un moyen d’échange, tout aussi prisé que l’argent sonnant et trébuchant !
De nos jours, mondialement connu et reconnu, et agrémentant les repas dans quasiment chaque contrée du globe, c’est quasiment l’épice la plus utilisée, et la plus appréciée, que ce soit dans la cuisine, ou en parfumerie.
*Les professionnels de la phytothérapie, lorsqu’ils évoquent leurs documents « fondateurs » citent le papyrus Ebers.
C’est un manuel de médecine, qui aurait environ 3500 ans, et qui permettait aux docteurs antiques de pouvoir poser un diagnostic sur les pathologies, et de donner un traitement adéquat à la personne malade.
C’est un document très riche et très intéressant.
On y découvre que nos ancêtres avaient à leur disposition une pharmacopée très abondante, et des pratiques médicales atypiques mais tout à fait remarquables.
Le poivre, qui est-il ?
Faisant partie du Top 3 des aliments les plus consommés dans le monde, condiment longtemps considéré comme plante médicinale, il possède de nombreuses vertus pour notre santé.
Aujourd’hui, les principaux pays fournisseurs du « roi des épices » sont le Vietnam, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, Madagascar ou encore la Malaisie.
Le poivre noir ou « Piper Nigrum » en latin, obtenu à partir du poivrier, n’est pas forcément noir, mais il peut être aussi :
- Blanc
- Vert (que l’on utilisera pour le poivre vert, ou pour obtenir de l’huile essentielle)
- Rouge (pour obtenir le fameux poivre rouge)
- Rouge très foncé (ce qui donnera le poivre blanc et gris)
Selon le degré de maturation voulu par les cultivateurs.
Le roi des épices* avant de devenir un incontournable de tout cuisinier débutant ou confirmé, était un incontournable en médecine !
En effet, c’est un excellent stimulant digestif, il possède des propriétés anti-inflammatoires, et des propriétés antioxydantes, rien que ça !
*(les historiens rapportent que ce surnom lui fut donné par le romain marcus gavius apicius, dans son célèbre ouvrage posthume intitulé : l’art culinaire)
Le saviez-vous ?
Il existe environ 700 variétés de notre condiment favori, seul le « piper nigrum » représente la majorité qui est fournie sur le marché actuellement.
Le poivrier n’est pas un arbre, mais une liane qui peut atteindre une dizaine de mètres, et s’accroche aux arbres…
Contrairement à ce que l’on peut imaginer, il n’est pas un parasite, mais se sert des arbres comme support pour sa croissance.
Son feuillage donne l’impression visuelle d’une vigne, et des grappes d’une cinquantaine de grains en moyenne sont ses fruits.
Un peu d’histoire
Apprécié autant pour ses vertus médicinales, que pour sa puissance culinaire, l’or noir a eu plusieurs vies et plusieurs noms :
- Pipalli pour les indiens
- Piper pour les latins anciens
- Et poivre pour les contemporains francophones
Comme cité précédemment dans notre article, le parfum français la destination favorite des bateaux aux cales remplies d’épices venant de l’inde était la république vénitienne : Venise !
Encore aujourd’hui, la route maritime qui rallie l’inde depuis l’Europe tout en contournant le continent africain, est encore appelée « la route des épices » vestige intact de cette époque glorieuse.
Pour la petite histoire, l’expression que tout le monde connaît aujourd’hui « payer en espèces » est due en partie au roi des épices !
Effectivement à cette époque on « payait en épices », ces dernières valant leur pesant d’or !
Les notes poivrées en parfumerie
Le poivre noir est souvent utilisé en notes de tête, pour ajouter de la chaleur et de la profondeur à une fragrance, et du contraste à des parfums floraux jugés trop doux.
On peut le trouver aussi en notes de cœur, il est assez polyvalent.
Lorsqu’il est placé en tête, l’or noir va apporter un tourbillon de chaleur et d’épices.
Lorsqu’on le favorisera en notes de cœur, il viendra appuyer et rajouter de la profondeur et de la complexité à la composition finale.
Son arôme chaud, légèrement amer et épicé rehaussera et équilibrera l’ensemble.
L’or noir peut aussi être usité en tant que fixateur, prolongeant la durée de vie d’une essence, et ancrant d’autres senteurs dans l’élixir.
Les déclinaisons poivrées en parfumerie
La précieuse huile essentielle de poivre (dont le procédé sera décrit plus loin) ne s’obtient pas seulement avec le « piper negrum », on utilise aussi différents types de plantes, avec un profil olfactif qui leur sied, qui peut être influencé par le climat, le type de sol ou pousse la plante, et la méthode de récolte.
Voici les variations qui sont généralement utilisées par les parfumeurs :
- Le piper nigrum : possède un arôme chaud, épicé et piquant, souvent retrouvé dans les parfums
- Piper cubeba : possède un arôme plus subtil que Piper nigrum, avec des notes de terre, de bois, avec un caractère fruité et légèrement sucré
- Piper longum : plus doux et plus sucré que les autres variétés, avec des notes de clou de girofle, de piment et de cannelle
Bien entendu c’est une liste courte, et il existe dans le monde de nombreuses variétés d’huile essentielle, avec une intensité et une qualité variables.
Les parfumeurs apprécient le roi des épices, car il permet d’offrir des jus uniques et originaux du fait des possibilités quasi illimitées qu’il offre.
Naturel vs Synthétique ?
Comme dit précédemment dans notre série de questions réponses, il faut bien insister sur le fait que les versions synthétiques des composants olfactifs sont tout autant prisées que les versions naturelles.
Le poivre noir quant à lui, existe en version naturelle et synthétique.
Les baies noires (aussi appelées drupes) de « piper negrum » sont séchées et broyées, et distillées à la vapeur pour en extraire les composés aromatiques qui donneront l’huile essentielle.
Quant à la version synthétisée en laboratoire, elle recrée le parfum épicé caractéristique de l’huile naturelle, et le parfum caractéristique qui ressemble trait pour trait à l’original sera mis à disposition des artisans parfumeurs.
On voit bien que le choix est offert, libre à celui qui préfère d’utiliser la matière première naturelle et libre à d’autres d’opter pour la version synthétique.
Les fragrances poivrées, pour elle ? Pour lui ?
Que ce soit le faux poivre rose, ou noir, ils sont tout autant usités pour les essences féminines ou masculines.
Le poivre viendra donner de la fraîcheur, ou de la nuance dans certaines fragrances.
On pourra citer quelques parfums qui contiennent l’or noir dans leur composition :
- Flower by Kenzo
- Vétiver de la maison Guerlain
- Gourmand Coquin de la maison Guerlain
- Black sahara de la maison Tom Ford
- Cerruti 1881 Black de la maison Cerruti
- Boss orange man de la maison Hugo boss
Et bien d’autres…
Conclusion
On a pu voir au travers de ces quelques lignes, que les notes poivrées, sont un ingrédient fétiche des hautes maisons de parfumerie, qui apprécient l’or noir, que ce soit pour fabriquer un parfum poivré pour homme, ou un parfum poivré pour femme.
Bien que majoritairement présent dans les parfums orientaux et boisés, le roi des condiments nous a démontré son extraordinaire polyvalence, et son gain inestimable pour les fragrances actuelles.